Euro / US Dollar : La politique monétaire soutient de nouveau le billet vert
La monnaie unique menace toujours ses points bas annuels alors que la banque centrale américaine s’apprête à marquer une pause tandis que le BCE promet au contraire davantage de stimulus.
Suite à une troisième baisse de taux consécutive d’un quart de point, la Réserve Fédérale ne s’engage plus à « agir pour soutenir l’expansion » dans son communiqué. Un changement remarqué qui ouvre la porte à une nouvelle série de statu quo sur le loyer de l’argent alors qu’un resserrement monétaire ne semble pas non plus envisageable à moyen terme au regard d’une inflation proche de l’objectif. La croissance américaine a par ailleurs dépassé les attentes au troisième trimestre (+1.9% annualisé contre +1.6% attendu).
En Europe, Mario Draghi a défendu son bilan malgré une hausse des prix en berne (+0.7% sur un an au dernier pointage), avant de céder sa place à Christine Lagarde. La nouvelle patronne de la BCE a immédiatement pris le taureau par les cornes en stigmatisant les pays en excédent budgétaire, l’Allemagne en tête, qu’elle accuse de ne pas avoir fait « les efforts nécessaires ». Berlin a peut-être évité la récession de justesse au troisième trimestre mais l’activité manufacturière du moteur de l’Union monétaire, pénalisée par les dérives protectionnistes, tire toujours l’ensemble de la région vers le bas. Luis de Guindos, membre du Directoire à Francfort, prévient néanmoins que l’institution n’a pas épuisé son arsenal de mesures.
Sur le front de la guerre commerciale, à l’origine du ralentissement mondial, le scepticisme de Pékin tranche avec l’optimisme de Washington dans le cadre d’un potentiel accord partiel, en particulier depuis que la crise politique hongkongaise s’est invitée à la table des négociations.
Graphiquement, l’Euro se replace sous sa moyenne mobile à 20 semaines après que 1.1197 a assuré son rôle de résistance de long terme. Nous sommes toujours vendeurs avec un premier objectif à 1.0939, seuil sous lequel la paire pourrait accélérer vers 1.0590 USD.
Mathieu Burbau. Analyse réalisée le 21/11/2019. © 2019 Zonebourse.com
Pétrole : des prévisions sous le signe de l’opulence
Les tensions géopolitiques qui avaient animé les marchés pétroliers depuis la mi-septembre se dissipent peu à peu, permettant au marché de respirer malgré des vents contraires sur le front des fondamentaux.
L’OPEP a en effet une nouvelle fois abaissé ses perspectives de croissance de la demande de pétrole. Ces prévisions sont amputées de 600.000 barils par jour, portant la demande mondiale à 103.9 millions de barils par jour (mbj) en 2023. Par ailleurs, le cartel s’attend à ce que l’offre américaine reste robuste et table sur une production de 16.9 mbj en 2024 (versus 12 mbj cette année). Ces prévisions sont partagées par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui voit un marché calme en 2020 avec une offre abondante.
Toujours du côté de l’offre, la production américaine progresse une nouvelle fois malgré les difficultés économiques rencontrées par les productions de pétroles de schiste américains. L’offre US se situe désormais autour de 12.8 mbj.
En outre, les opérateurs ont pris connaissance d’une découverte majeure en Iran dont les autorités annoncent avoir décelé un gisement susceptible d’accroître les réserves prouvées du pays d’un tiers. Rappelons néanmoins que l’Iran est en proie aux sanctions américaines et que les techniques d’extraction de Téhéran ne permettent pas aujourd’hui d’exploiter entièrement ce « super gisement ».
Techniquement, en données hebdomadaires, le Brent évolue au milieu de son range borné entre 58.2 et 64.6 USD. La neutralité est donc de mise, comme l’atteste l’aplatissement des moyennes mobiles hebdomadaires. Dans ce cadre, on attendra une sortie de cette zone d’oscillation horizontale pour prendre position dans un sens comme dans l’autre.
Jordan Dufee. Analyse réalisée le 21/11/2019. © 2019 Zonebourse.com
Article tiré du magazine Strike 208 / Décembre 2019