Nov. 2001
OPA, OPE (1) ou autres opérations de fusions acquisitions ont toujours pour effet d’aiguiser l’appétit des investisseurs. La recette est simple et les ingrédients faciles à trouver. Il vous faut un zeste d’entreprise ambitieuse initiatrice d’une opération, une poignée de sociétés cibles et laisser le tout mijoter quelques semaines. Vous obtenez alors ce qui peut constituer, à première vue, le repas idéal pour les investisseurs en warrants. A première vue dis-je, parce que la volatilité vient souvent mettre en peu de sel, poivre et bien d’autres épices fortuites dans ce « cocktail », susceptibles de le rendre parfois indigeste…
A quelques exceptions près, le scénario est souvent le même et se décompose en plusieurs étapes. Une société cotée ou non, souhaite prendre le contrôle d’une ou plusieurs autres sociétés cotées. Elle propose un prix en cash ou en actions supérieur au cours de la société cible, pour essayer de rafler le maximum d’actions et d’en prendre le contrôle, le tout en passant directement par le marché.
Les projets ont toujours des fuites qui permettent aux arbitragistes de se mettre en action. Ils jouent les rumeurs. Profitant du manque de visibilité des grosses opérations de fusion-acquisition et du scepticisme qui en découle généralement chez les investisseurs, ces opérateurs professionnels vendent à découvert des actions de la société initiatrice de l’offre et achètent des titres de la ou les sociétés cibles. En conséquence de quoi le cours de la société initiatrice de l’opération aura tendance à reculer, pendant que le cours de la société cible se rapprochera sensiblement du prix de l’offre dont il fait l’objet. S’il y a plusieurs prédateurs potentiels (2), le marché, par le jeu de l’offre et de la demande, va s’ajuster à l’offre lui paraissant la plus crédible.
A vue de nez on pourrait croire que le bon réflexe à avoir lors d’une OPA serait donc d’acheter un Put sur la société à l’origine de l’opération et acheter un Call sur la société cible. Mais ce n’est pas aussi simple, au contraire.
Il faut rester très attentif aux mouvements de volatilité et plus spécialement sur ceux de la société cible. De tels événements entraînent généralement une augmentation significative des volumes et peuvent tout à fait contribuer à une augmentation significative de sa volatilité. Jusqu’ici rien de mauvais pour le détenteur de warrants : si la volatilité monte le prix du warrant augmentera d’autant plus. Mais ce sont les rumeurs d’OPA qui font fluctuer les titres plus que les OPA elles-mêmes.
Dès lors qu’une société se dévoile et publie son offre, pour peu que celle-ci soit amicale, qu’aucune autre entreprise ne souhaite surenchérir et que les modalités de l’opération ne soient pas complètement farfelues, le titre de la société va s’ajuster et ne gravitera plus qu’autour du prix proposé par la société initiatrice.
Faites très attention à ce moment là : d’une situation très incertaine faite de rumeurs, ouïe-dire, ou de pure spéculation, nous en venons à un projet publié, porteur de beaucoup plus de certitude. Le mot est dit. La volatilité peut en subir les conséquences et chuter fortement (si l’opération fonctionne, la volatilité de la société cible s’ajustera sur celle de la société initiatrice de l’offre).
Alors comment faire ? S’informer, s’informer, trois fois s’informer. Pour éviter les pièges des grosses fluctuations de volatilité renseignez-vous auprès de votre émetteur. Plus précisément vous pouvez regarder quelles sont les différences de volatilité entre la société à l’origine de l’opération et des sociétés cibles, et bien-sûr, les surveiller de près. Une autre solution est de privilégier les warrants dans la monnaie par rapport aux warrants en dehors de la monnaie. Ils sont certes moins réactifs mais sont aussi moins sensibles aux mouvements que peut subir la volatilité (Véga moins important en %).
T.R.