Depuis quelques semaines, il y a naissance d’un mouvement de reprise sur les taux longs.
Les références à dix ans connaissent, en effet, une accélération historique en quelques jours avec les résultats de l’élection américaine à l’image du T Bond qui voit son rendement se tendre à 2.3 % contre un plus bas annuel de 1.43 %. En Europe, le mouvement se duplique avec le bund (10 ans allemand) qui générait il y a encore peu de séances un taux négatif et qui produit, à ce jour +0.3 %. En France, la tendance reste identique, avec une OAT qui passe de 0.35 % à 0.8 %. Certes, les conditions demeurent encore largement avantageuses pour les émetteurs publics, mais les écarts sont spectaculaires.
Globalement, le taux de rendement moyen des obligations souveraines mondiales, toutes maturités confondues, progresse de 0.65 % à 1.2 %.
Cette nouvelle donne n’est ni plus ni moins qu’une tendance à la normalisation du crédit qui échappait jusqu’ici à la logique économique depuis les interventions massives et non conventionnelles des banques centrales.
La victoire de Donald Trump a, en effet, accéléré cette tendance à l’ajustement des taux, du fait d’un programme teinté d’esprit keynésien, en misant sur la relance par les dépenses publiques conjointement à la baisse des impôts.
Des perspectives qui plaisent aux marchés actions et qui devraient intensifier l’éloignement de la thématique de la déflation pour laisser place à la reflation (reprise de l’inflation). La Fed prévoit d’ailleurs, pour 2017, une hausse généralisée des prix de 1.7 % contre un peu plus d’un 1% pour 2016 et 0,76 % pour 2015.
Depuis deux ans, globalement, dans le monde entier, les taux d’inflation se sont repliés dont l’un des piliers était la baisse du pétrole. Cela fait donc deux ans que l’activisme monétaire généralisé n’a pas produit l’inflation espérée, même si elle a sûrement aidé à ne pas avoir plus de déflation.
La remontée du pétrole et des matières premières servant à l’industrie pourrait aider à une avancée des prix même si en Europe le risque de dérapage reste faible, avec le niveau actuel de chômage proche de 10%.
L’idée de voir la relance avec des grands travaux publics et, en parallèle, une augmentation de la consommation incite les investisseurs à privilégier les actions au détriment du « flight to quality » donc du marché obligataire. Les taux bas avaient engendré des achats gigantesques, pour les sociétés américaines, de leurs propres actions entraînant la hausse des indices qui viennent encore de battre des records historiques à Wall Street.
Mais cette remontée des taux comporte quelques risques sur ces mêmes entreprises qui ont vu leur marge se réduire dans un environnement économique établi sur la concurrence et la mondialisation, facteurs de pression perpétuelle sur les prix. Une hausse violente des taux aurait, par conséquent, des suites néfastes pour la rentabilité de ces sociétés.
Il s’agira d’appréhender cette problématique pour 2017.
Article tiré du magazine Strike 175 / Décembre 2016