Les statistiques de ces dernières semaines laissent pantois les investisseurs.
En effet, les scores impressionnent de par leur grandeur et leur soudaineté. L’indice général européen des 600 plus grandes capitalisations a baissé de 20% depuis début décembre, 10 semaines de stress pour les investisseurs mais cette dégradation indicielle n’est rien par rapport à la violente baisse des banques qui perdent sur la même période plus de 30%.
C’est l’exposition aux matières premières qui inquiète les opérateurs. Il faut dire que les établissements bancaires n’ont pas énormément communiqué sur le sujet et que, par défaut, les intervenants préfèrent solder le secteur. Ces derniers restent encore avec les stigmates de la crise financière de 2008. A cette époque, les banques étaient à l’origine
de la crise avec les subprimes, cette fois-ci, elles subissent les conséquences de la crise
du secteur pétrolier.
Avec les taux bas, voire négatifs, les banques n’ont pas une grande capacité à générer des revenus conséquents. Aux risques d’impayés se rajoute effectivement le risque de rendement avec des taux extrêmement faibles qui empêchent la génération de marges
significatives. En conséquence, les « Credit Default Swap » (CDS) des banques
européennes se sont fortement dégradés, laissant planer des doutes sur leur capacité
à se refinancer efficacement sur le marché monétaire.
Il n’empêche que les banques n’ont jamais été aussi solides depuis l’intervention de
la BCE après 2008. Le patron de JP Morgan vient de lancer un message fort sur le
marché, en annonçant avoir acheté pour 25 millions de dollars d’actions de sa banque.
Ces groupes bancaires sont, par ailleurs, largement représentés dans les indices qui ont été, eux-mêmes, fortement survendus. Le secteur a donc été pénalisé par la mauvaise conjoncture boursière lourdement handicapée par la situation des fonds souverains,
ces derniers cherchant à équilibrer leurs finances en cédant beaucoup d’actifs.
Néanmoins, si la dette globale dans le secteur du pétrole dépasse les 3 000 milliards
de dollars, seulement 500 milliards sont portés par les banques. La majorité de la dette
se trouve, en effet, financée par le marché obligataire et le compartiment High Yield.
Les données comptables des principales banques européennes affichent toujours des ratios élogieux. Les fonds propres sont conséquents, (12% des encours), le rendement
des actions avoisine les 5% alors que le ROE (rentabilité des capitaux propres) se situe
à 9%. Des ratios qui se veulent protecteurs aux grandes dévalorisations anticipées par
les investisseurs, même si quelques fortes reprises boursières adoucissent le tableau noir.
L’expérience prouve une nouvelle fois que le secteur financier a cette caractéristique d’amplifier les fluctuations du cycle des affaires. La volatilité devrait, de ce fait, continuer
à s’exacerber.