LE BRENT
L’OPEP+ endosse le rôle de meneur, les Etats-Unis celui de trouble-fête
Les données émanant de l’état de l’offre pétrolière et les craintes liées au ralentissement économique mondial continuent de rythmer les marchés pétroliers à l’aube de cette nouvelle année, que l’on peut volontiers qualifier de dynamique. Les cours du Brent progressent effectivement d’environ 12% depuis le 1er janvier, effaçant en partie la chute des prix du baril de 40% au quatrième trimestre 2018.
Dans ce contexte volatil, force est de constater que le marché récompense la détermination des pays membres de l’OPEP d’abaisser leur niveau de production. Préoccupés par l’augmentation de l’offre mondiale et la chute des cours qui en découle, l’OPEP et ses partenaires, dont la Russie, ont convenu en décembre de reprendre les réductions de production dès 2019, d’un montant de 1.2 mbj. Pour autant, les efforts fournis par le cartel pétrolier ont bel et bien commencé avant l’entrée en vigueur des accords de production. Dans son dernier rapport mensuel, l’OPEP a indiqué que sa production avait chuté de 751.000 barils par jour, une réduction principalement liée à l’Arabie Saoudite mais aussi à des baisses involontaires, notamment en Libye.
En parallèle, les opérateurs restent attentifs à la production américaine, qui ne cesse de croître. Celle-ci s’établit à 11.9 mbj selon les dernières données de l’Agence américaine de l’énergie (EIA), un niveau jamais atteint. Les modèles de l’EIA prédisent par ailleurs que l’offre américaine, majoritairement tirée par les hydrocarbures non-conventionnels, devrait atteindre une moyenne de 12.9 mbj en 2020. Pour autant, l’Agence voit un rééquilibrage dès ce premier trimestre 2019.
Puis demeurent les inconnus, qui ne manquent pas. Celles-ci concernent la trajectoire de la demande, encore incertaine compte tenu des tensions commerciales et du lancinant problème chinois. A cela s’ajoute la difficulté des observateurs à prévoir la dynamique des exportations iraniennes (qui ont augmenté sur le mois de décembre) et les interrogations sur l’appareil de production vénézuélien, dont le déclin présente des signes de ralentissement.
D’un point de vue graphique, en unités de temps hebdomadaires, les excès se corrigeant par des excès, les cours du Brent ont nettement rebondi depuis le début de l’année. Les cours trouvent néanmoins un obstacle de taille à l’approche des 62 USD le baril. Ce test déterminera la puissance du mouvement de fond et départagera le simple rebond technique du point bas de moyen terme. A ce titre, il faudra clôturer au-dessus de cette ligne pour libérer un potentiel de hausse en direction des 70 USD. A contrario, un échec serait synonyme d’une poursuite du mouvement de baisse en direction des récents plus bas à 53 USD.
Jordan Dufee. Analyse réalisée le 22/01/2019.
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L’EURO/DOLLAR
Nouveau rebond avorté
Profitant de la faiblesse du billet vert ou de l’accord entre Rome et Bruxelles, la monnaie unique a entamé l’année par une énième tentative de rebond. Toujours en vain.
Malgré l’impasse du Brexit, une inflation chahutée par la baisse du pétrole et la menace d’une nouvelle récession en Allemagne, l’Euro a en effet su tirer son épingle du jeu en début d’année suite à l’approbation du budget italien ou à la baisse des tensions commerciales.
Le billet vert souffre par ailleurs de l’évolution du discours de la Réserve Fédérale ainsi que d’un blocage politique à Washington.
Conséquence d’un désaccord budgétaire entre l’administration Trump et la nouvelle majorité démocrate à la Chambre basse du Congrès, la fermeture partielle de l’administration fédérale (shutdown) pousse, depuis le 22 décembre dernier, des centaines de milliers de fonctionnaires américains au chômage, menaçant désormais la santé de la première économie mondiale.
Sur le front monétaire, les minutes de la FED et des commentaires de plusieurs responsables laissent entendre que l’autorité monétaire pourrait se montrer plus patiente en 2019 face au ralentissement mondial et au faible niveau de la hausse des prix.
Enfin en Chine, moteur de la progression du PIB de la planète, Pékin vient d’annoncer sa plus faible croissance en près de 30 ans (+6.6% en 2018) tandis que son excédent commercial recule pour la deuxième année consécutive.
Mais tandis que celui-ci continue de se creuser vis-à-vis des Etats-Unis, des informations de presse révèlent que le pays se serait engagé à le réduire progressivement contre une baisse ou une suppression des tarifs douaniers américains. De quoi contenir l’aversion au risque.
Graphiquement, en données hebdomadaires, l’Euro reste installé sous sa moyenne mobile à 20 semaines au sein d’une tendance baissière. Si 1.1307 cède en clôture, 1.1183 et 1.0926 USD seront les prochains seuils techniques à surveiller.
Mathieu BURBAU. Analyse réalisée le 22/01/2019.
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Article tiré du magazine Strike 199 / février 2019