La chute des ventes d’automobiles en Chine, la faible croissance de la masse monétaire dans l’empire du milieu et la courbe des taux inversée aux États-Unis forment la sainte trinité des investisseurs qui sont baissiers sur le DAX. Mais l’interprétation de la courbe des taux n’est pas facilitée par tous les « quantitive easing » initiés par les banques centrales à travers le monde et donne un peu d’espoir aux investisseurs qui seraient, eux, haussiers sur l’indice. D’autant que l’intensification de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pourrait entraîner des spéculations sur une éventuelle réduction des taux directeurs des deux principaux protagonistes : Fed d’un côté et Banque de Chine de l’autre, ce qui aurait évidemment cette fois un effet positif.
Selon les premières indications, les ventes d’automobiles en Chine auraient encore reculé de 18 % en avril 2019, malgré la décision de la Chine de réduire la TVA. Pour les baissiers, la faiblesse persistante de la croissance de la masse monétaire en Chine, de l’ordre de 3 % sur 12 mois, témoigne de la baisse des ventes d’automobiles. Ce n’est évidemment pas de bon augure pour les fleurons de l’industrie allemande que sont BMW, Volkswagen et Daimler.
Les baissiers regardent aussi les niveaux exorbitants d’endettement des entreprises et leurs défauts de paiement qui ont accéléré au cours des derniers mois. Au pays de l’oncle Sam, ces baissiers ne trouveront pas de quoi changer leur point de vue. Les rendements obligataires américains à dix ans en dessous de 2,40 % complètent un tableau présentant tous les signes concordant à un prochain ralentissement de la croissance mondiale…
De leur côté, les investisseurs haussiers sur le DAX estiment qu’on ne peut pas interpréter l’inversion de la courbe des taux comme on aurait pu le faire avant la mise en place des assouplissements quantitatifs des banques centrales (Cf. édito Strike 201 avril 2019).
Ces investisseurs optimistes soulignent que l’indice S&P 500 est souvent resté stable l’année suivant une inversion de la courbe des taux… Ils affirment également que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pourrait être un mal pour un bien : détériorer tellement la croissance qu’elle obligerait la FED et la banque de Chine à baisser leur taux, ce qui aurait évidemment un effet positif, in fine… pour le DAX ! (mais à quel prix… ?)
Enfin, ces optimistes se félicitent de la décision de M. Trump d’avoir reporté, pour le moment, une nouvelle hausse des droits de douane sur les importations de voitures en provenance d’Europe. Cette crainte avait incité les analystes à réduire leurs prévisions de bénéfices sur le secteur depuis l’été 2018. Les prévisions de bénéfices avaient été réduites pour Daimler (-22 % sur un an), Continental (-22 % également) et BMW (-21 %) entraînant une chute de 8 % des prévisions de résultat à 12 mois pour l’ensemble du DAX. Cela pourrait leur redonner quelques couleurs à court terme.
Article tiré du magazine Strike 203 / juin 2019