LE BRENT
L’AIE vise un rééquilibrage dès le deuxième trimestre 2019
La violente baisse des prix pétroliers enregistrée depuis le début du mois d’octobre a poussé l’OPEP et ses partenaires à agir pour réduire le surplus d’offre du marché. Endossant un rôle de régulateur d’appoint, le cartel et ses partenaires, dont la Russie, se sont accordés sur une baisse commune de leur production de 1,2 million de barils par jour (mbj). La feuille de route prévoit des quotas de l’ordre de 800.000 mbj pour les membres de l’OPEP tandis que les dix pays partenaires devront couper leur production de 400.000 mbj.
Si cet accord a bien permis de freiner à court terme les velléités baissières, force est de constater que le marché ne s’est pour autant pas montré enthousiaste. Cela pourrait se traduire par le fait que les opérateurs s’inquiètent davantage de la croissance de la demande de brut que des problématiques liées à l’offre.
A ce titre, dans son dernier rapport mensuel, l’AIE se montre particulièrement optimiste en maintenant ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole à 1,4 mbj en 2019, soit une demande de l’ordre de 100,6 mbj. En parallèle, l’Agence a abaissé ses perspectives de production du fait des limitations de production et vise un rééquilibrage du marché dès le deuxième trimestre 2019. Néanmoins, à plus court terme, les incertitudes se portent sur le ralentissement de la croissance économique mondiale et sur le niveau des stocks de brut US, qui peine à décliner malgré le rythme des exportations américaines. Graphiquement, en unités de temps hebdomadaires, la configuration s’est nettement fragilisée depuis l’enfoncement des 70 USD le baril. La tendance de fond apparaît ainsi baissière et les vendeurs garderont la main tant que les cours se maintiendront en deçà de 62,5 USD. Un soutien s’est toutefois constitué vers 59 USD, support qui a contenu les assauts vendeurs durant les quatre dernières semaines. Une rupture de cette ligne serait, par conséquent, synonyme d’une poursuite du trend baissier en direction de 55.5 USD.
Jordan Dufee. Analyse réalisée le 18/12/2018.
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L’EURO/DOLLAR
Au bord du chaos
Coincée à proximité de ses points bas annuels, la monnaie unique subit l’effet de nombre de catalyseurs baissiers en cette fin d’année, avortant chacune de ses tentatives de rebond. Sur le front politique d’abord, l’impasse du Brexit, les craintes autour du budget italien, les mouvements sociaux en France et le retrait programmé d’Angela Merkel dressent un tableau peu attractif aux yeux des investisseurs. Côté macro, l’activité privée en zone Euro stagne au plus bas en plus de quatre ans et l’inflation sous-jacente ne décolle toujours pas (+1.0% sur un an).
A Francfort, les argentiers de la BCE peinent désormais à masquer leurs inquiétudes. Bien que l’institution ait confirmé qu’elle cesserait ses injections de liquidité à partir de janvier, elle a revu en baisse ses prévisions de croissance pour 2018 et 2019 tandis que son président Mario Draghi estime qu’un assouplissement quantitatif pourra être réactivé si nécessaire. Les spéculations autour d’une première hausse de taux en 2019 s’amenuisent. A l’inverse, la Réserve Fédérale américaine prévoit toujours une poursuite de son cycle de resserrement monétaire l’an prochain. Enfin, la faible confiance des milieux d’affaires, les menaces protectionnistes, la volatilité des marchés boursiers et les risques qui pèsent sur la croissance mondiale, comme l’illustrent les récents indicateurs chinois, accroissent le manque de visibilité et favorisent les valeurs jugées plus sures, le billet vert en tête.
Graphiquement, en données hebdomadaires, l’Euro s’oriente toujours en baisse à long terme alors qu’il évolue sous sa moyenne mobile à 20 semaines depuis fin septembre. En dépit de la consolidation actuelle, un nouveau test de 1.1183 USD, dernier rempart avant une probable accélération, apparaît vraisemblable.
Mathieu Burbau. Analyse réalisée le 18/12/2018.
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Article tiré du magazine Strike 198 / Janvier 2019