LE BRENT
Fin de l’illusion d’un rééquilibrage du marché et retour fracassant à la réalité
Une ambiance particulière flotte sur les marchés pétroliers qui sont littéralement passés d’une tendance haussière incontestée et incontestable à un puissant bear market qui s’exprime à travers une baisse de plus de 25% des prix du baril depuis le début du mois d’octobre.
Cette situation inédite incite les opérateurs à la réflexion, d’autant plus qu’une grande majorité d’analystes tablait, il y a encore quelques semaines, sur un rééquilibrage du marché, voire un déficit d’offre en raison du « retrait » iranien, tout en visant un prix du baril proche de 100 USD d’ici la fin de l’année.
Les fondamentaux sont revenus sur le devant de la scène, dynamitant ainsi les thèses de l’imminence d’un choc pétrolier. Le sentiment de marché s’est ainsi violemment ébranlé, en passant d’une crainte de pénurie à des inquiétudes de surabondance. Dans les grandes lignes, ce retournement est à mettre sur le compte d’un gonflement de la production de l’OPEP qui tente de compenser une offre iranienne qui ne faiblit pas (ou peu), d’une offre américaine opulente portée par les « shale oil » de plus en plus compétitifs et d’une croissance de la demande incertaine, victime collatérale d’un essoufflement de la croissance mondiale et des guerres commerciales.
Dans ce contexte, les problématiques liées au manque chronique d’investissement dans les appareils productifs sont reléguées au second plan. Le Royaume saoudien essaie tant bien que mal d’éteindre l’incendie et tente de réunir un consensus au sein du cartel et ses partenaires autour d’une remise en place des quotas de production d’au moins un million de barils par jour. Toutes les attentes sont ainsi braquées sur la prochaine réunion de l’OPEP, qui se tiendra les 6 et 7 décembre prochain. La volatilité ne devrait pas retomber jusqu’à ce rendez-vous et les mouvements pourraient rester erratiques.
De l’autre côté de l’Atlantique, le rythme des exportations de brut américain peine à suivre le rythme imposé par la production, entraînant une forte augmentation des stocks de pétrole, pour la neuvième semaine consécutive de près de 53 millions de barils. Conséquence notable, le spread Brent – WTI s’est considérablement élargi.
Techniquement, en données hebdomadaires, la cassure des 72 USD a entraîné un violent retournement de tendance, à l’image du retournement des moyennes mobiles à 20 et 50 semaines. La tendance apparait désormais fragilisée, synonyme d’une mainmise des vendeurs sur le marché. Cette correction a néanmoins ramené les cours au contact d’un support majeur à 62 USD, coïncidant avec la moyenne mobile à 100 périodes. Cette plage de prix pourrait freiner les velléités baissières à court terme et devra impérativement être sauvegardée sous peine de voir déraper les cours jusqu’à 55 USD.
Jordan Dufee. Analyse réalisée le 22/11/2018.
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L’EURO/DOLLAR
Toujours sous pression
Malgré des avancées sur le front du Brexit, les échanges continuent de peser sur la monnaie unique, pressée à la baisse par les inquiétudes autour de la situation en Italie et par les divergences de politique monétaire.
De l’autre côté des Alpes, Rome refuse de revoir son budget, s’exposant à des sanctions financières de l’UE pour déficit excessif. Si les marchés conservent leur calme à ce stade, Bruxelles s’inquiète d’un dérapage budgétaire (2.9% en 2019 et 3.1% en 2020) et le FMI d’une contagion à d’autres pays parmi les plus fragiles.
Côté macro, la zone Euro déçoit toujours les analystes, publiant une croissance de seulement +0.2% au T3, contre +0.4% attendu et une inflation sous-jacente toujours loin de l’objectif (+1.1% sur un an contre une cible proche mais inférieure à 2%). Le BCE n’exclut pas la possibilité d’avoir à nouveau recours à des prêts géants en faveur des banques.
Aux-Etats-Unis, les Démocrates ont repris le contrôle de la Chambre basse du Congrès à l’occasion des élections de mi-mandat mais l’Oncle Sam enregistre une croissance robuste de +3.5% en données annualisées au titre du troisième trimestre. En octobre, le taux de chômage a atteint un point bas de 48 ans (3.7%) et les prix à la consommation ont entériné leur plus forte progression en neuf mois. Des statistiques qui ne laissent guère de place au doute quant à une nouvelle hausse de taux de la FED en décembre, une décision largement attendue par les marchés.
Plusieurs membres de la Banque centrale américaine reconnaissent cependant un ralentissement de l’économie mondiale qui pourrait pousser l’institution à davantage de souplesse en 2019, sur fond de tensions commerciales persistantes entre Pékin et Washington.
Graphiquement, en données hebdomadaires, l’Euro inscrit de nouveaux points bas annuels tandis que la moyenne mobile à 20 semaines repasse sous son homologue à 100 périodes pour la première fois en 16 mois, illustrant la pression qui s’exerce sur la monnaie unique. Prochain seuil technique à surveiller : 1.1177 USD.
Mathieu Burbau. Analyse réalisée le 22/11/2018.
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