L’EURO/DOLLAR
En sursis
Bien ancrée au sein d’une tendance largement baissière, la monnaie unique ne semble consolider qu’à la faveur de facteurs indirects tels la faiblesse du billet vert, le regain d’appétit du risque et la faible volatilité des changes.Pourtant les menaces qui planent sur l’Union monétaire persistent. La BCE ne cache plus son extrême prudence, à l’image de la dernière conférence de presse de Mario Draghi où le président de l’institution n’a pas masqué ses inquiétudes. Selon des informations de presse, plusieurs membres du Conseil des gouverneurs estiment par ailleurs que les prévisions de Francfort, déjà révisées en forte baisse au mois de mars, restent trop optimistes.Car les signaux négatifs se bousculent. Le secteur manufacturier allemand, moteur de la croissance des Dix-Neuf, enregistre au mois de mars sa pire contraction depuis juillet 2012. L’inflation, hors éléments volatils, se tasse à seulement +0.8 % sur un an en zone Euro, loin de la cible de la BCE. Donald Trump, sur le point de s’accorder avec Pékin, menace désormais Bruxelles de nouveaux droits de douane. Enfin, un nouveau report du Brexit au 31 octobre prolonge les incertitudes et ne va pas soutenir l’investissement des entreprises dans la région.De son côté la Réserve Fédérale affronte le ralentissement mondial en renonçant à relever son taux directeur en 2019 tout en freinant la réduction de son bilan. Charles Evans, membre de la Banque centrale américaine, juge même qu’un nouveau tour de vis ne sera probablement pas nécessaire avant 2020. Une posture qui pèse sur le Dollar et offre mécaniquement un sursis provisoire à la monnaie unique.Graphiquement, l’Euro reste au contact de ses points bas annuels, peinant toujours à trouver l’élan nécessaire pour tester la résistance de sa moyenne mobile à 20 semaines. En cas de franchissement de 1.1212 USD en clôture hebdomadaire, les cours pourraient même accélérer leur chute vers des niveaux inédits en deux ans.
Mathieu Burbau. Analyse réalisée le 18/04/2019. © 2019 Zonebourse.com
LE BRENT
Des vents contraires à ne pas ignorer
Les cours pétroliers restent fermement orientés à la hausse depuis le début de l’année, en atteste la progression du Brent, qui s’adjuge plus de 30 % en 2019. Si cette performance peut paraître à première vue incroyable, il ne s’agit finalement que d’un retracement de la chute des cours enregistrée sur le dernier trimestre 2018, lorsque le Brent culminait à près de 85 USD le baril.Ce parcours ascensionnel est évidemment à mettre au crédit des efforts de l’OPEP+, dont les membres demeurent toujours engagés dans une politique volontariste de réduction de l’offre. La production de l’organisation a ainsi drastiquement diminué sur le mois de mars, une baisse saluée par le marché, mais qui reste en partie alimentée par le déclin de la production iranienne et vénézuélienne, en proie à des sanctions US. À cela se greffent des facteurs géopolitiques susceptibles de perturber davantage l’offre mondiale.Pour autant, les incertitudes ne manquent pas et tendent même à se multiplier. En premier lieu, les interrogations fusent quant à la nécessité pour l’OPEP et ses partenaires de prolonger les accords de production. Les principaux intéressés ne se réuniront pour en débattre qu’à la fin du mois de juin mais il y a fort à parier que des déclarations d’officiels animeront ce débat dans les prochaines semaines. À ce titre, la Russie a d’ores et déjà lancé les hostilités, le ministre des finances ayant évoqué une potentielle hausse de la production nationale pour juin.Au-delà de l’OPEP+, les opérateurs scrutent attentivement « le miracle des schale oil », la production américaine ne cessant de franchir de nouveaux paliers. En dépit du recul du nombre de forages en activité, la production des États-Unis s’élève à un nouveau record, celui de 12.2 millions de barils par jour (mbj).Graphiquement, en données hebdomadaires, le rebond technique du début d’année s’est transformé en véritable retournement de tendance, élément confirmé par le retournement des moyennes mobiles hebdomadaires. La tendance apparaît ainsi toujours haussière bien qu’à ce stade, des risques de consolidation ne sont pas à exclure. À ce titre, une première alerte baissière se matérialiserait en cas de franchissement à la baisse du support à 70 USD.
Jordan Dufee. Analyse réalisée le 18/04/2019. © 2019 Zonebourse.com
Article tiré du magazine Strike 202 / mai 2019