Le Brent
La tension augmente
Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient atteignent un nouveau stade après l’attaque présumée de deux tankers dans le Golfe d’Oman, à proximité du détroit stratégique d’Ormuz. Les Etats-Unis et l’Iran se renvoient la balle quant à leur responsabilité dans cet incident, accentuant davantage la méfiance entre les deux pays.
Naturellement, ces frictions d’ordre géopolitique tendent à créer de la pression sur les cours du brut, qui, paradoxalement, peinent à maintenir une trajectoire haussière depuis début mai. Il faut, pour démêler ce contresens, s’attarder sur les fondamentaux du marché, toujours déprimé par les craintes d’abondance de pétrole. La dynamique des stocks de brut cristallise à juste titre ces inquiétudes, ces derniers ne parvenant pas à basculer en deçà de leur moyenne à 5 ans.
Plus concrètement, les stocks de brut demeurent significativement plus conséquents que les niveaux enregistrés l’année dernière, un constat que l’on peut faire à la fois aux Etats-Unis mais aussi globalement à l’échelle des pays de l’OCDE. Cette dynamique inquiète d’autant plus qu’en parallèle, l’OPEP et ses alliés mettent les bouchées doubles pour contenir l’offre mondiale, et ce en plus du retrait progressif de l’Iran et du Venezuela dont la production chute fortement en raison de sanctions et de difficultés économiques.
Dans ce contexte, le marché exprime des attentes exigeantes auprès de l’OPEP, ou plutôt auprès de l’OPEP+ qui inclut la Russie. L’Organisation élargie endosse effectivement le rôle de producteur d’appoint, ou « swing producer », avec comme mission celle de réguler l’offre et stabiliser les prix. La prochaine réunion du cartel sera ainsi décisive, d’autant plus qu’elle donnera lieu à une reconduction des quotas pétroliers, amputant l’offre mondiale de 1,2 mbj.
Graphiquement, en données hebdomadaires, la configuration s’est nettement dégradée depuis la cassure des 70 USD, niveau qui fera désormais office de résistance. La ligne des 60 USD a rapidement été ralliée, une zone d’intervention propice à la mobilisation des acheteurs, synonyme de rebond technique. De ce fait, un trading range semble prendre forme entre 60 et 64 USD, validant l’attentisme des opérateurs à l’approche d’évènements majeurs. Ainsi, à plus court terme, la tendance apparait neutre entre ces bornes dont il faudra s’extraire pour renouer avec une dynamique affirmée.
Jordan Dufee. Analyse réalisée le 20/06/2019. © 2019 Zonebourse.com
Euro / Dollar
L’Europe dans la tourmente
Malgré des attentes autour d’une baisse de taux de la FED, les perspectives se détériorent surtout en Europe où le contexte politique et commercial pèse sur le moral des troupes.
Bien que le ras-de marée populiste tant redouté à l’occasion des élections européennes fut évité à la faveur d’une large participation, la victoire du vice-président italien Matteo Salvini accroît les tensions entre Rome et Bruxelles. Une situation explosive qui inquiète les marchés alors que la troisième économie de l’Union monétaire se tient prête à aggraver une dette déjà colossale.
A cela s’ajoute la démission de Theresa May outre-Manche et la perspective de voir un dirigeant eurosceptique, prêt à aller au clash avec l’UE, pour lui succéder, relançant les spéculations autour d’un Brexit sans accord. Et alors que l’Allemagne enregistre la première hausse de son taux de chômage en près de six ans dans un contexte de guerre commerciale entre Washington et le reste du monde, la BCE n’envisage plus d’entamer une normalisation de sa politique avant la fin du premier semestre. Dans la foulée, son président Mario Draghi a même profité du séminaire annuel de l’institution pour ouvrir la porte à de nouvelles mesures de relance.
Ainsi, bien que le Wall Street Journal croie savoir que la Réserve Fédérale se préparerait elle aussi à annoncer une baisse de taux de l’autre côté de l’Atlantique, une information cohérente avec des propos récemment tenus par différentes responsables de la FED, Donald Trump ne cesse d’accuser ses partenaires de dévaluer leur monnaie, au détriment des Etats-Unis.
Un constat qui l’encourage régulièrement à montrer les muscles, alimentant de fait les réactions protectionnistes qu’ils condamnent. Bref, un cercle vicieux dont on s’interroge toujours sur l’identité des bénéficiaires à long terme.
Graphiquement, en données hebdomadaires, la situation reste limpide et chaque retracement du billet vert offre l’opportunité de vendre l’Euro à un prix plus attractif. Sous 1.1454 USD, nous restons vendeurs avec 1.10 puis 1.0590 USD en ligne de mire.
Mathieu Burbau. Analyse réalisée le 20/06/2019. © 2019 Zonebourse.com
Article tiré du magazine Strike 204 / Juillet Août 2019