LE BRENT
Le marché tergiverse faute de visibilité
Tandis que ce mois de septembre marquera les esprits par le passage de nombreux ouragans dans le Golfe du Mexique, il aura été nettement positif pour les cours pétroliers. Le prix du Brent s’est ainsi adjugé pas moins de 7.8% depuis le début du mois, pour tutoyer des seuils importants à 56 USD. Néanmoins, il convient de s’intéresser à d’autres facteurs fondamentaux pour appréhender ce soudain regain d’intérêt des opérateurs pour l’or noir.
Premièrement, la production de pétrole de schiste américain continue de se tasser selon les données de l’Agence Internationale de l’Energie. Par ailleurs, dans son dernier rapport mensuel, l’AIE relève ses prévisions de demande mondiale de pétrole à 97.7 millions de barils par jour (mbs), soit 100 000 barils par jour de plus que ses précédentes estimations. A noter que l’OPEP a de même révisé à la hausse la demande pour 2017.
En parallèle, alors que les opérateurs commençaient à douter d’un strict respect des accords de production de la part des pays membres de l’OPEP, force est de reconnaître que ces derniers se sont montrés plus rigoureux. De ce fait, aucun écart n’a été relevé, et certains producteurs vont même plus loin dans leur effort de réduction de l’offre. L’Arabie Saoudite a ainsi fait état d’une forte contraction de ses exportations à 6.69 mbj en juillet, au plus faible niveau depuis trois ans, tandis que l’Irak a abaissé sa production de manière plus importante qu’attendu.
L’ensemble de ces éléments milite donc en faveur d’un resserrement de l’offre et la demande mondiale, constituant une sérieuse justification aux initiatives acheteuses. Les investisseurs auront en outre les yeux rivés vers la prochaine réunion des producteurs à Vienne, où un maintien des quotas de production, valables jusqu’en mars 2018, sera posé sur la table. Plusieurs options sont envisagées telles qu’un allongement des accords jusqu’à la fin de l’année 2018, ou encore un abaissement des plafonds de production. Le marché s’attend à une poursuite des efforts et ne voudra pas être déçu.
D’un point de vue technique, en unités de temps hebdomadaires, le cours du Brent revient au contact d’une zone particulièrement bien travaillée, autour de 57 USD. Seule la rupture de cette ligne dégagerait un nouveau potentiel de hausse en direction des 60 USD. Un nouvel échec serait néanmoins synonyme d’un retour vers 50 USD et d’une poursuite des oscillations horizontales en trading range, configuration en vigueur depuis de nombreux mois.
Jordan Dufee Analyse réalisée le 22/09/2017
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L’EURO/DOLLAR
Le temps des normalisations
Alors que la Banque centrale européenne se prépare en coulisses à réduire ses achats d’actifs dans le contexte inconfortable d’un euro vigoureux, la Réserve Fédérale affiche son optimisme et confirme ses intentions restrictives, un soulagement pour Francfort.
Ouvertement soucieux du niveau de l’euro, les argentiers de la BCE jouent la montre et révisent en baisse leur prévision d’inflation. Pourtant, le scénario selon lequel le Conseil des gouverneurs présentera, à l’occasion de sa prochaine réunion, le calendrier d’une prochaine réduction de son programme d’assouplissement quantitatif tient davantage du secret de polichinelle que de l’information d’initié.
Par chance, la bonne tenue des statistiques américaines, en particulier en matière de croissance et d’emploi mais aussi au regard du rebond des prix à la consommation (+1.9% sur un an en août), vont permettre à la Réserve Fédérale d’entamer une réduction de son bilan dès le mois d’octobre puis d’envisager une nouvelle hausse de taux avant la fin de l’année. Un coup de pouce au dollar qui frise l’inattendu alors que l’institution américaine a par ailleurs relevé sa prévision de croissance pour 2017.
De nombreux investisseurs, prudents face aux potentielles conséquences des ouragans, au contexte géopolitique et aux promesses intenables de l’administration Trump, avaient en effet anticipé une posture plus prudente de l’autorité monétaire. Le constat d’une FED plus offensive pourrait donc contribuer à contenir les assauts de la monnaie unique et offrir une meilleure marge de manœuvre à l’équipe de Mario Draghi.
Graphiquement, en données hebdomadaires, la parité avance de façon presque rectiligne depuis le début de l’année, dans des niveaux inédits depuis fin 2014. Au-delà de 1.20 USD, l’euro teste le seuil de tolérance des gouverneurs de la BCE en pénalisant, avec le soutien de la FED, l’évidence d’une poursuite du mouvement.
Mathieu Burbau Analyse réalisée le 22/09/2017
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Article tiré du magazine Strike 184 / Octobre 2017