LE BRENT
2018, l’année du rééquilibrage ?
Le pétrole démarre cette nouvelle année de manière vigoureuse, dopé par de nombreux éléments d’ordre économique, géopolitique et climatique. La vague de froid extrême qui paralyse l’Amérique du Nord et la montée des tensions en Iran avec ses possibles conséquences ont tenu en haleine les opérateurs, enclins à payer le marché. A cela s’ajoutent des arrêts ponctuels de production qui ont alimenté cette dynamique. Dans ce cadre, le Brent gagne pas moins de 4% depuis le 1er janvier, de quoi réjouir les producteurs, de plus en plus nombreux à passer leur seuil de rentabilité opérationnelle.
C’est évidemment le cas des producteurs américains, dont la production devrait excéder 10 millions de barils par jours (mbj) en 2018 selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), un niveau jamais atteint depuis 1970. La production des Etats-Unis devrait ainsi dépasser celle de l’Arabie Saoudite, le royaume étant toujours engagé à respecter des quotas de production fixés par l’OPEP. A contrario, la production vénézuélienne (rappelons que le pays dispose des plus grandes réserves pétrolières au monde) continue de s’affaisser, rongée par de multiples fléaux tels que le manque d’investissement et la corruption qui gangrène l’ensemble de la filière.
Du côté de la demande, l’Agence gouvernementale américaine d’Information sur l’Energie (EIA) se montre un peu plus optimiste et rehausse de 100 000 barils par jour sa prévision de demande mondiale de pétrole en 2018, tablant désormais sur une hausse de 1,72 million de barils par jour par rapport à 2017. Ces éléments vont dans le sens d’un rééquilibrage du marché pétrolier, conforté par une sensible baisse des stocks de brut des pays industrialisés, qui tendent à évoluer vers leur moyenne des cinq dernières années.
D’un point de vue graphique, en unité de temps hebdomadaires, la course folle du Brent semble trouver des obstacles techniques majeurs à l’approche de la ligne symbolique des 70 USD. Ce niveau qui date de 2014 pourrait inciter les opérateurs à prendre des bénéfices et légitimer une pause à court terme. On préfèrera ainsi prendre des positions longues sur repli, dans le sens de la tendance pour bonifier son prix d’entrée. La zone des 64-65 USD demeure, à ce titre, intéressante pour viser les derniers plus hauts.
Jordan Dufee Analyse réalisée le 23/01/2018
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L’EURO/DOLLAR
Le billet vert sous pression
Profitant des attentes autour de la fin du QE et de la faiblesse relative de la devise américaine, la monnaie unique efface ses résistances les unes après les autres, menaçant de peser sur l’inflation ou le commerce extérieur.
Certes, la BCE ne relèvera pas son taux directeur avant la fin de ses rachats d’actifs, lesquels devraient se poursuivre comme prévu jusqu’au mois de septembre prochain. Pourtant, les gouverneurs de Francfort ont été forcés d’adopter une posture plus offensive depuis le début de l’année, ne masquant plus leur volonté d’en finir avec ces mesures exceptionnelles.
Malgré une inflation qui peine à rejoindre la barre des 2%, le taux de chômage continue de reculer, au plus bas en 9 ans (8.7%). En Allemagne, où l’annonce d’une coalition gouvernementale offre un autre motif de soutien, le marché du travail n’a même jamais été aussi vigoureux depuis la réunification.
Plus généralement, la croissance mondiale plaide pour des politiques plus restrictives.
Et comme la Réserve Fédérale avait pris de l’avance en la matière, ces potentiels ajustements, qui réduisent les divergences entre les institutions monétaires, pénalisent le billet vert. Dans une moindre mesure, le Dollar souffre également des divisions qui subsistent au sein du comité de la FED vis-à-vis de l’inflation, d’une diplomatie sino-américaine peu chaleureuse, d’un marché de l’emploi étroit à l’extrême ou des problématiques de budget fédéral (shutdown), classiques depuis des décennies, mais néanmoins contre-productives.
Graphiquement, l’Euro bénéficie donc du contexte actuel pour inscrire de nouveau sommets inédits depuis plus de trois ans, au-delà de 1.23 USD, sur fond de hausse de la volatilité sur les changes. La monnaie unique rejoint ainsi une bande étroite (1.23- 1.25) où elle avait consolidé à la fin de l’année 2014. Si la zone paraît acceptable pour la BCE à ce stade, un test de la fourchette haute pourrait néanmoins déclencher d’importantes prises de bénéfices.
Mathieu Burbau Analyse réalisée le 23/01/2018
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Article tiré du magazine Strike 188 / Février 2018