Dans ses prévisions du mois de septembre, la BCE prévoyait encore, comme elle le fait depuis de longs mois, une hausse de l’inflation à l’automne. À première vue, la surprenante hausse du taux d’inflation tendanciel à 1,1% semblait lui donner raison. Mais les équipes d’analyse de Commerzbank supposent de leur côté que le taux pourrait retomber à 1,0% en novembre et que la BCE serait dans l’obligation de revoir également à la baisse ses prévisions, non seulement pour 2018 mais également pour 2019.
En octobre, le taux d’inflation tendanciel (hors énergie, produits alimentaires, alcool et tabac) a surpris tout le monde en passant de 0,9% en septembre à 1,1%. Mais cette hausse a un caractère exceptionnel et ne constitue pas un début de tendance durable. Elle est due en grande partie aux fluctuations des prix des forfaits vacances et du secteur de l’habillement, soumis à des effets de calendrier. Pour ces secteurs, le mois de novembre sera défavorable et les conséquences se ressentiront sur le taux d’inflation qui devrait redescendre aux alentours de 1%.
Du coup, les prévisions de la BCE sont une fois de plus trop élevées. Nos économistes pensent que la moyenne annuelle pour 2018 ne sera que de 1,0% (au lieu de 1,1% prévu) et de 1,4 % pour 2019 contre 1,5% actuellement prévue par la BCE.
Néanmoins, en tenant compte des augmentations de salaires récentes, l’inflation sous-jacente devrait augmenter un jour ou l’autre. En outre, la forte hausse des prix de l’énergie et des prix à l’importation (conséquence de la faiblesse de l’euro) devrait également entraîner une hausse du taux d’inflation tendanciel par effet domino. Mais là encore subsiste une grosse incertitude car cela ne fonctionne pas toujours ainsi. Imaginons que les entreprises fassent face à une économie qui faiblit, une demande en berne, elles ne pourront pas répercuter la hausse de leurs coûts de production sur le prix de vente de leurs produits ! Les calculs de la BCE seraient ainsi biaisés, les prévisions d’inflation corrigées… La conséquence de ce qui peut paraître anodin aujourd’hui ne devra pas être sous-estimée à l’heure où le Conseil des Gouverneurs de la BCE devra statuer sur le calendrier prévu de fermeture du robinet monétaire et ses conséquence sur le marché des actions et la volatilité. Opportunités en vue !
Thibaud Renoult
Article tiré du magazine Strike 197 / Décembre 2018